OKR vs KPI, version Magellan

Au programme du jour : la différence fondamentale entre OKR et KPI enfin expliquée, à travers l'incroyable périple de Magellan.

Bonjour jeune prodige,

Ça va ?

Ok, j’avoue ! Je suis complètement parti en vrille avec cette édition.

Mais expliquer la différence entre OKR et KPI, à travers l’incroyable histoire de Magellan me semblait un défi créatif intéressant, alors… why not ?

On se fait un p’tit café et tu me dis ce que t’en penses ? ☕️

PS : j’ai pris quelques libertés avec l’histoire, mais je vous conseille la biographie proposée par Stefan Zweig. Une pure merveille 🙏

---

Thème : OKR vs KPI, version Magellan

Temps de lecture : 🎵 5 minutes, 00 secondes 🎵

---

Il est de ces hommes humbles par nature, modestes par essence, mais capables d’accomplir de grandes choses par volonté. Après des décennies d’exploration, de guerres et de victoires à la gloire de la couronne portugaise, voilà pourtant qu’on le considère comme moins que rien dans son propre pays. C’est pourquoi, malgré les risques encourus, il se tourne vers Charles 1er, roi d’Espagne et principal rival de son roi actuel. Ce faisant, il se rend coupable de trahison, militaire, il est alors déserteur, dévoilant des secrets d'État. Les sirènes du destin sont étourdissantes et l’appel de la vie ne peut être ignoré. Car Magellan a une vision, une œuvre à accomplir, un exploit à réaliser. Ces considérations martiales et politiques ne sont que de menus détails à ses yeux.

— Monsieur Diogo Barbosa, m’a dit beaucoup de bien de vous Magellan. Vous avez, paraît-il, combattu avec courage et bravoure en Inde. Vous me sollicitez pour financer une expédition ambitieuse, mais comment pourrais-je vous faire confiance ? Comment croire en la loyauté d’un déserteur ?

— Majesté, intervient Juan Rodriguez de Fonseca encore dévoré par la culpabilité de s’être opposé à l’entreprise de Christophe Colomb, si vous me le permettez, découvrir une route pour rejoindre les îles aux épices par l’Ouest et ainsi accéder à toutes ces richesses tout en s’émancipant des péages et des enjeux diplomatiques offrirait à l’Espagne un avantage politique indéniable sur ses rivaux. Seul un navigateur comme Magellan peut vous offrir ces îles. Je pense que le jeu en vaut la chandelle.

— Hum, opinait le roi.

— Sa majesté a raison de poser la question, reprit Magellan. J’ai donné les premières années de ma vie au Portugal, porté son étendard sur des contrées indigènes, combattu pour défendre sa couronne, seulement parce que j’y suis né. Pour autant, à mon retour rien de tous ces sacrifices n’a été reconnu. L’Espagne quant à elle m’a offert l’amour alors que je n’y étais encore qu’un étranger. Je suis marié avec une femme espagnole et mes enfants sont espagnols. Dorénavant, je considère l’Espagne comme mon pays, non pas parce que j’y suis né, mais parce que c’est ici que je suis devenu un homme. L’expédition est ambitieuse, comme l’a remarqué Sa Majesté avec clairvoyance. Elle est risquée aussi. Mais ce serait pour moi un honneur d’annexer à votre empire les îles aux épices, même si cela dusse se faire au péril de ma vie.

— Votre courage vous honore, Magellan. Je considérerai votre requête. Vous pouvez disposer. Merci.

Le courage, bien qu’inestimable, n’est jamais suffisant dans ce genre d’entreprise. Magellan est bien conscient que pour donner vie à son rêve, il lui faudra encore réunir une somme d’argent considérable, veiller à la bonne construction des navires et convaincre tout un équipage de partir vers des horizons incertains au risque d’y laisser leur vie. Quelques semaines après l’avoir rencontré, le roi d’Espagne, aidé par une poignée de commerçants, finançait l’aventure de Magellan.

Obtenir les financements était une première bataille gagnée, mais Magellan était loin de se douter de toutes les autres batailles qu’il devrait mener avant de gagner cette guerre contre le plus grand secret géographique de son époque. Convaincre les marins espagnols, circonspects à l’idée de naviguer sous les commandements d’un déserteur portugais. Oser prendre le large entouré de 4 autres capitaines espagnols complotant contre lui. Nager parmi les grands blancs.

Mais enfin, après avoir affronté les tempêtes, enduré l’absence de vent durant de long mois, déjoué les complots, combattu les mutins, un passage s’ouvre devant nos navigateurs. Entre les eaux sinistres bordées de falaises glacées menaçantes, tout l’équipage retient sa respiration durant près de trois mois. Les trois mois nécessaires pour réussir là où Christophe Colomb échoua : trouver une route maritime pour rejoindre les îles aux épices par l’Ouest.

“Des grands exploits des héros le monde, pour des raisons de simplification synoptique, ne retient de préférence que l’instant dramatique, pittoresque : César passant le Rubicon, Napoléon au pont d’Arcole. Cette brutale amputation a l’inconvénient de mettre dans l’ombre les années non moins créatrices de la préparation, la lente gradation spirituelle, constructive du fait historique. Représenter Magellan lui aussi au moment du triomphe, quand il franchit le détroit qu’il a découvert, peut séduire le peintre, le poète. En réalité, la partie la plus ardue de son oeuvre fut peut-être d’arracher l’obtention d’une flotte, de poursuivre son armement au milieu de mille difficultés.” (Stefan Zweig, Magellan)

---

OKR vs KPI, version Magellan

La différence entre OKR et KPI est un sujet qui revient assez souvent dans mes discussions. Pour synthétiser l’idée, je vous propose cette infographie.